Auteur : David Levithan
Editeur : Albert Khnopf
Pas de VF prévue à ma connaissance
Résumé (Intérieur jaquette).
The
two boys kissing are Craig and Harry. They’re hoping to set the world’s record
for longest kiss. They’re not a couple but they used to be.
Peter
and Neil ARE a couple. Their kisses are different.
Avery
and Ryan have only just met and are trying to figure out what happens next.
Both of them worry that something will go wrong.
Cooper
is alone. It’s getting to the point where he doesn’t feel things anymore.
These
boys, along with their friends and families, form a tapestry that will reveal
love of all kinds : open and eager, tentative and cautions, pained and scared.
Mon avis.
COUP DE CŒUR !
Voilà un roman que je ne pouvais décemment
pas manquer : malheureusement, il était complètement passé à côté de mon
radar. Et puis, il a fallu qu’un certain blogueur dont le nom commence par un
J. (responsable chez moi comme beaucoup de
l’achat d’un certain autre livre) en
parle pour que je découvre enfin
l’existence de ce roman. Dans les jours qui ont suivi, je suis allé le
commander en librairie… bien mal m’en a pris, il a fallu attendre Novembre (alors que je l’ai commandé en Septembre : cherchez
l’erreur) pour que je puisse l’avoir
entre mes mains.
Que soit, cette petite mésaventure ne m’a pas
empêché d’apprécier le roman, même si j’avais une légère crainte par rapport à
l’attente grandissante : allais-je être déçu ? Pas le moins du monde.
L’histoire nous présente plusieurs garçons
gays : Craig, Harry, Avery, Ryan, Cooper, Peter, Neil mais dans une
certaine mesure aussi Tariq. Et l’on va les suivre par les yeux d’une
génération de gays qui se situe avant eux (cela
semble étrange mais je reviendrai là-dessus plus tard). Certains sont en
couple, d’autre vont bientôt l’être, et certains restent seuls.
Certains ne se connaissent pas, mais tous
sont liés de par leur homosexualité, mais aussi par le couple
« principal » (c’est celui sur lequel on s’attarde le plus) : en
effet, Craig et Harry ont décidé de battre le record du monde du baiser le plus
long. Deux garçons, filmés par des caméras, un baiser retransmis en direct sur
les réseaux sociaux et à la télé : ça fait parler de lui… on parle ainsi
d’homophobie dans ce roman.
Ce qui fait selon moi la grande originalité
du roman, c’est sa narration : en « nous » et racontée par des
homos morts du SIDA.
Déjà, il faut s’habituer à ces narrateurs
bien particuliers. Pour ma part, je n’avais encore jamais eu à faire à ce type
de narration. Mais en plus, il s’agit de « fantômes » observant une
la génération d’homos de l’heure actuelle.
Et c’est là que David Levithan fait très
fort : on a la génération d’avant qui regarde celle de maintenant, par
conséquent, on peut voir une évolution des mentalités en 30 ans (je rappelle que l’épidémie de SIDA a surtout eu lieu
dans les années 80/90. On appelait même ça la peste gay à l’époque). J’ai adoré cet aspect du roman, surtout le
côté très paternel de ces narrateurs qui s’émeuvent, se souviennent :
c’est beau, c’es déchirant, c’est parfois drôle aussi.
Mais ce qui rend confère toute la beauté au
livre, c’est bel et bien la plume de David Levithan. J’ai été transporté par sa
façon de manipuler les mots, de rendre des phrases toutes simples aussi
magnifiques. Sa tendance à répéter plusieurs fois les mêmes tournures ou mots à
la suite, confère à l’ensemble une certaine poésie.
Ses réflexions sont aussi incroyablement
justes et pertinentes : que ce soit sur l’amour, la beauté,… et le tout
avec simplicité et naturel.
Un petit extrait : "We remember what it was like to meet someone new. We
remember what it was like to grant someone possibility. You look out from your
own world and then you step into his, not really knowing what you'll find
there, but hoping it will be something good." (page 9)
Les personnages ne sont pas en berne non plus. Ils sont bien
développés, suffisamment pour que l’on s’attache à eux. Même si j’avoue avoir
préféré les personnages de Cooper, Avery et Ryan : ils possèdent chacun
une fragilité, la vie ne les ayant pas gâtés.
Que ce soit Cooper qui se fait rejeter par sa famille quand ils
apprennent qu’il est gay, exactement comme Ryan qui trouve, lui, du soutien
auprès de sa tante. Mais aussi Avery, qui autrefois était une fille. Ce sont
surtout par eux que l’auteur peut aborder des thèmes bien plus sensibles :
l’homophobie, la transsexualité, la relation parent/ado gay… même si ils sont
traités avec les autres personnages, c’est avec eux qu’ils sont le plus abordé.
La force du roman est donc bien ce thème de l’homosexualité
abordé ici de manière frontale et sous tous ses angles, y compris les moins
reluisants (sauf l’homoparentalité… mais bon, c’est logique, les
protagonistes sont ados, c’était un chouia difficile d’intégrer ça) : dans un roman young-adult,
c’est, tellement, tellement rare (même dans d’autres romans tout court, en fait)
que ce livre possède une force que d’autres
n’ont pas.
De plus, David Levithan explique à la fin les raisons qui l’ont
poussé à l’écrire. J’ai toujours adoré voir ce qui a poussé un auteur produire
l’histoire qui finit par arriver entre nos mains. C’est dans cette partie là
que l’on sent qu’il y avait une véritable motivation dans ce projet : que
ce soit par les recherches qu’il a effectuée mais aussi son désir de parler de
la génération gay actuelle par les yeux d’une autre.
Un mot encore sur la couverture du roman : non seulement
elle illustre parfaitement le titre et le contenu, mais en plus, il s’agit de
quelque chose de tout à fait nouveau que de voir deux garçons s’embrasser sur
un livre d’un grand éditeur.
Plus qu’une illustration, elle délivre un message : ideux
garçons qui s’embrasse, c’est tout à fait normal.
Et de savoir que ce livre est en vente un peu partout aux USA et que l’on
arbore fièrement cette jaquette, ça me met du baume au cœur.
« Two Boys Kissing »
est un donc un court roman très intense,
merveilleusement bien écrit, qui traite de la réalité avec beaucoup de justesse
mais aussi de façon très brute. J’aurais voulu en avoir plus, parce que 200
pages, c’est vraiment trop court… mais c’est aussi une conclusion parfaite,
laissant quelques points de suspension.
Un roman à lire absolument si vous lisez en VO, si pas, il faut
s’y mettre. Ou j’espère qu’un éditeur français se penche sur la question, parce
qu’il en vaut vraiment la peine.
Pour ma part, ce petit coup de cœur m’a donné envie de découvrir
d’autres romans de l’auteur, mais m’a aussi donné l’envie de le faire découvrir
comme aucun autre roman avant lui : parce que le message qu’il délivre,
par sa couverture et son thème, sont trop rares et rarement aussi bien traités
(à quelques exceptions près… une certaine grosse claque de 2013 en tête).
Ma note : 20/20
+ Coup de Coeur