Titre ; Night School, tome 1
Titre VO : Night School.
Auteure : C.J. Daugherty
Editeur : Robert Laffont.
Collection : R
Résumé
Qui croire quand tout le monde vous ment ?
Allie Sheridan déteste
son lycée. Son grand frère a disparu. Et elle vient d'être arrêtée. Une énième
fois. C'en est trop pour ses parents, qui l'envoient dans un internat au
règlement quasi militaire. Contre toute attente, Allie s y plaît. Elle se fait
des amis et rencontre Carter, un garçon solitaire, aussi fascinant que
difficile à apprivoiser...
Mais l'école privée
Cimmeria n'a vraiment rien d'ordinaire. L'établissement est fréquenté par un
fascinant mélange de surdoués, de rebelles et d'enfants de millionnaires. Plus
étrange, certains élèves sont recrutés par la très discrète Night School, dont
les dangereuses activités et les rituels nocturnes demeurent un mystère pour
qui n'y participe pas.
Allie en est convaincue :
ses camarades, ses professeurs, et peut-être même ses parents, lui cachent
d'inavouables secrets. Elle devra vite choisir à qui se fier, et surtout qui
aimer…
Mon avis
Night School est un roman dont
j’attendais beaucoup… Trop, peut-être : clairement, il s’agit d’une énorme
déception.
Fan de la série qui t’aventure ici, passe donc
ton chemin si tu n’apprécie pas ceux qui ont un avis à rebrousse-poil :
parce que je ne vais pas prendre de pincettes quant à ce qui ne m’a pas plus
dans cet ouvrage. Parce que des choses que je n’ai pas appréciées, il y en a
beaucoup : et c’est bien dommage car l’auteure à de l’imagination et un
style pas désagréable.
Night School n’a pas été conforme à
ce que j’attendais : je voulais un mystère passionnant, un thriller
jeunesse captivant, une once de romance en prime…
Raté.
Ce qui m’a attiré dans ce roman, c’est tout
d’abord sa superbe couverture : elle transpire le mystère, surtout la
petite phrase d’accroche. Le résumé renforce également cette ambiance
mystérieuse : et pour une fois, il n’en dévoile pas trop, bon point pour
lui également. N’occultons pas non plus l’engouement qu’a provoqué la série dès
sa sortie et les assez nombreuses chroniques très positives, voire
dithyrambiques que j’ai pu lire par-ci, par-là.
Et c’est tout pour ce que j’ai trouvé de
véritablement positif. Bon, d’accord, il y a encore d’autres trucs, mais j’ai
très vite déchanté dès le second chapitre du roman.
Mais quel est-donc cet élément qui m’a fâché
dès le second chapitre ? L’héroïne.
Je crois que je n’ai jamais autant éprouvé de
haine dès le début pour un personnage principal : Allie m’est tout de
suite apparue comme une petite chieuse pleurnicharde. Sa façon d’agir ressemble
bien plus à celle d’une ado qui fait des crises de colère quand il n’a pas ce
qu’il veut qu’à une ado qui vit un véritable mal-être. Il suffit de voir la
façon dont elle en veut à ses parents : c’est elle la pauvre malheureuse
et c’est vraiment trop pas juste de la punir en l’envoyant dans un pensionnat
sans ses amis (Caliméro, sors de ce
corps !).
J’aime bien les personnages rebelles et
« je m’en foutiste », mais Allie, je l’ai trouvée simplement
pathétique et immature. Peut-être est-ce lié à son âge, à la perte de son frère
(c’est en tout cas l’élément qui
explicite cela dans le roman). Ou alors, cela vient du fait que je n’ai
plus quinze ans mais presque vingt, ce qui m’a fait lever les yeux aux ciel
quant à son comportement.
Et la suite de ce livre n’a pas arrangé les
affaires : Allie passe de chieuse professionnelle à petite fille modèle…
En un claquement de doigts. Et là, je dis non.
J’aime quand un personnage évolue, que ce soit
en bien ou en mal, mais pas quand cela se fait sur deux chapitres.
Ce qui m’a fait lever les yeux au ciel, pour
prendre un exemple concret, c’est la scène où Allie va au réfectoire pour la
première fois. Déjà, elle essaie de se mêler dans la foule depuis le début,
essayant déjà de se plier aux règles (un
vrai rebelle aurait tenté de contourner le règlement ou marqué son
mécontentement de façon bien plus appuyée que ce qu’elle a fait. Mais passons).
Non, ce que j’ai trouvé aberrant dans son comportement à ce niveau-là,
c’est le fait qu’elle s’insurge… sur le fait que les gens ne débarrassent pas
leur table. Nous avons donc une rebelle bien élevée : WOW.
Avec moi, les évolutions qui se font en cinq
secondes montre en main, ça ne passe pas. Alors que l’auteure est visiblement
capable de le faire de façon logique : les crises de paniques d’Allie sont
bien traitées dans la façon dont l’héroïne les perçoit au fur et à mesure du
récit et tente de les vaincre.
Et bon, s’il n’y avait que ça… ça aurait pu
passer. Mais non, il faut, en prime, qu’Allie s’inquiète plus de ses histoires
de cœur (*s’étouffe*) que de savoir
ce qu’est vraiment la Night School.
Ou encore de vraiment s’en faire quant à ce qui suit vers le milieu du roman (bon, elle s’en fait un peu, mais deux
chapitres plus loin, elle préfère se focaliser sur ses sentiments amoureux…).
C’est là que j’en viens à un autre point que
je n’ai absolument pas apprécié : la romance.
On se retrouve avec le triangle amoureux
typique du Young-Adult (vous savez, celui
qui va vous faire pousser des soupirs excédés ainsi que des jurons tous plus
inventifs les uns que les autres contre l’héroïne). Il faut vraiment que
les auteurs se mettent dans le crâne qu’un triangle amoureux, c’est juste
extrêmement compliqué à construire pour que ça passe : et là, désolé pour
les Team Carter et les Team Sylvain, ça casse complètement pour ma part.
Si je n’ai pas apprécié ce triangle, c’est que
les ficelles utilisées sont trop poussives et déjà vues : d’un côté, on a
le beau gosse super gentil qui craque sur l’héroïne (Sylvain) ; de
l’autre, c’est le beau gosse ténébreux et cynique qui semble détester notre
héroïne (Carter).
OK, ça devient difficile d’innover à l’heure
actuelle les codes du Young-Adult (tout
genre en possède, d’ailleurs) et ça aurait pu passer pour ma part…
Sauf que c’est sans compter les réactions d’Allie et la façon dont le triangle
est amené.
Le gros souci, c’est que le triangle pousse le
cliché jusqu’au bout : notre héroïne craque et sort avec le mâle A, mais
le mâle A se comporte comme un connard et donc l’héroïne va aller vers le mâle
B. Mais attention ! Le mâle A n’a pas dit son dernier mot et montre que,
malgré ses actions répréhensibles (et
dans ce livre, le mâle A fait quelque chose d’absolument atroce), il tient
vraiment à notre jeune amoureuse transie ! Alors, bien sûr, son cœur
balance entre le mâle A et le mâle B : et évidemment, elle ne fera pas son
choix avant le tome final (ben oui, il
faut bien faire du remplissage quand l’intrigue n’avance pas).
Bon, c’est en tout cas comme cela que je
perçois le triangle de ce premier tome : et si je peux me montrer
indulgent pour beaucoup de mes lectures utilisant ce schéma, ici, je ne peux
tout simplement pas. Pas à cause des deux protagonistes mâles, parce qu’ils
sont présentés comme craquants et que, on se prend quand même au jeu. Non, à
cause d’Allie. Encore.
J’avoue avoir trouvé sa réaction quant l’un
des actes des deux garçons absolument absurde et révoltante : non, ce
n’est pas pardonnable. Je ne peux même pas concevoir comment il est possible de
lui pardonner. Non. Juste non. Je n’ai pas du tout apprécié la façon dont
l’auteure a abordé la façon de réagir d’Allie : il s’agit d’un acte grave
et faire comme si c’était quelque chose de pas trop dramatique, ça, je ne
cautionne pas. (SPOILER : je parle du fait que Sylvain essaie de
violer Allie et que celle-ci n’en soit pas tellement affectée par après. Ou, en
tout cas, elle n’en donne pas l’impression. Merde quoi, le viol est loin d’être une plaisanterie. FIN SPOILER).
Concernant les autres personnages, je n’ai pas
grand-chose à en dire. J’ai plus eu l’impression de me balader de clichés en
clichés avec eux : la pétasse de service qui a une dent contre l’héroïne,
la meilleure copine qui le devient après deux pages et un brin exubérante, la
fille qui connaît tous les ragots, le mec beau qui fait de l’humour…
Autant dire que je ne me suis pas vraiment
attaché à eux. Par contre, même s’ils sont nombreux, l’auteure ne nous les
présente pas en un bloc : en effet, ils arrivent petit à petit dans le
récit, ce qui permet de les identifier assez clairement quand on les mentionne.
De plus, ils ont tous, plus ou moins, une scène « importante »
chacun. Vraiment, les personnages secondaires ne sont pas là pour faire joli,
c’est appréciable (oui, je relève le
positif quand il y en a).
Mais bon, c’est bien beau
de parler de la romance, de l’héroïne et des personnages, Night School, c’est aussi du mystère : des évènements
étranges, le fameux groupe des Nocturnes…
Et là, j’en viens au point
le plus noir, ce que j’ai absolument détesté dans ce roman : le mystère. Night School, c’est trop de mystère, une
lente et assez inintéressante mise en place, une moitié de roman (même plus) où l’on s’ennuie tellement
que cela en frise l’indécence : à côté de Night School, un épisode de Derrick (et vous n'imaginez pas à quel point Derrick, c'est emmerdant),
c'est un film d'action avec Bruce Willis qui fait tout sauter.
J’ai pas, mais alors là pas
du tout, apprécié cette lenteur. Il y a des romans qui mettent du temps à se
mettre en place, mais où j’ai fini par accrocher et avoir compris à quoi
servait cette mise en place. Mais là, tout ce qui se passe avant un évènements
décisif (sur lequel je reviendrai plus
tard, un peu de patience) m’a semblé inutile.
OK, au début, il faut le
temps de placer les personnages, le décor, le contexte. Mais pendant un peu
plus de la moitié, il ne passe rien de vraiment significatif. Mais quand je dis
que j’ai eu l’impression qui ne se passait rien, c’est rien : Allie fait
de nouvelles rencontres, Allie se sent bien à Cimmeria, Allie boit du thé (oui, ça se passe en Angleterre), Allie
est en retenue, Allie ferme la fenêtre de sa chambre qui s’est ouverte toute
seule (et elle s’en fiche comme de la
première fois où elle a mangé au MacDo), Allie joue au croquet, Allie se
fait draguer, Allie joue à Just Dance,
Allie améliore son français en traduisant des chansons de Mylène Farmer…
Bon, bon, j’avoue, elle ne
joue pas à Just Dance et ne traduit
pas du Mylène. Mais j’ai bien plus eu l’impression de suivre le quotidien d’une
fille banale que d’avoir une fille dans un pensionnat étrange.
Et dans toutes ces scènes
qui n’apportaient pas grand-chose selon moi, l’auteure intercale des moments de
suspens et de questionnement pour le lecteur : et là, j’avoue mon intérêt
était piqué au vif.
Parce que ces scènes de
tensions, là où j’ai senti que quelque chose d’intéressant/inquiétant se
préparaient, sont efficaces. C’est vraiment quelque chose que j’ai
apprécié : la capacité de l’auteure de créer des scènes tendues avec de
l’action et ce mystère (que je n’ai
jamais perçu ou presque dans le reste). Mais j’ai trouvé qu’elles étaient
bien trop courtes et que ça retombait vite pour sombrer à nouveau dans l’ennui
et les envies d’étrangler Allie.
Jusqu’à ce fameux événement
vers un peu plus loin que la moitié. Alors que je m’accrochais péniblement pour
finir ce livre, que j’ai failli abandonner plus d’une fois, il se passe un truc
absolument énorme qui fait bouger les choses : à ce moment-là, j’ai repris
confiance quant au fait que, finalement, ce ne serait peut-être pas une si
mauvaise lecture.
Les quelques petites scènes
un brin tendues d’avant ? De la rigolade comparée à cet événement :
j’ai adoré ce chapitre… Bon, pas adoré mais bien plus préféré : là,
j’avais envie de continuer pour savoir.
Clairement, cet événement a
relancé mon intérêt plus que réduit à ce stade du livre : la façon dont il
est décrit est efficace, les différentes scènes qui le composent sont
efficaces. Et pour un fois, le soufflé n’est pas tout de suite redescendu… Pas
tout de suite, effectivement.
Vous vous rappelez que je
déteste Allie et ses décisions idiotes ? (je crois que je le mentionne suffisamment dans cette chroniques)
Elle ne s’est clairement pas améliorée : au contraire, sa façon de réagir
est juste absurde.
Quelle personne normale,
après un tel événement, se préoccuperait de ses affaires de cœur plutôt que de
chercher des réponses ? Elle fait preuve d’un peu plus de bon sens quant à
certaines choses ou comportements étranges… mais pour ses histoires de cœur,
absolument pas.
Ce qui suit donc après cet
événement m’a bien plus plu : il y a certes encore des choses qui m’ont
fait tiquer (comme le fait de savoir qui
a lancé une rumeur sur Allie… j’en ai strictement rien à battre, cherche à
savoir ce qu’est la Night School plutôt !) mais dans l’ensemble, j’ai
bien plus adhéré au dernier tiers du roman.
Les non-dits s’accumulent,
le rythme s’accélère, les évènements bizarres se multiplient : mon intérêt
a vraiment été réveillé à partir de là. J’aurais pu finir le roman en donnant
une note moyenne et quand même donner sa chance à la suite. J’aurais pu. Mais
il y a toujours un « mais » pour ce roman.
Et ce qui m’a
définitivement fait passer l’envie de lire la suite, c’est la révélation quant
à ce qu’est réellement la Night School
et son but. Je reconnais que, pour le coup, c’est original et surprenant… Mais
je n’adhère pas.
Clairement, mon
enthousiasme grandissant s’est effondré comme un château de carte qu’un léger
souffle a fait chavirer : je ne sais pas trop à quoi je m’attendais, mais
je voulais quelque chose de bien plus grandiose… avec moi, ça a plus fait office
de pétard mouillé.
Et ça me frustre, au plus
haut point : oui c’est original et d’habitude, j’adore quand un auteur a
des idées neuves. Mais rien à faire, ça marche pas.
Sans compter que j’ai
trouvé que l’auteure expédiait ça en deux secondes : ça n’aide pas.
Certes, il y a quatre tomes encore après (et
c’est un raison de plus pour laquelle je ne continuerai pas : si la suite
fait encore du remplissage comme ce premier volet, il y a moyen d’en faire
seulement trois).
Alors certes, la fin est très
tendue et on finit sur un petit cliffhanger… mais ça n’a pas suffi. Surtout
qu’on m’a dit qu’Allie était encore plus casse-bonbons dans le tome deux.
Alors, j’arrête les frais.
Night School est donc une énorme déception : un
triangle amoureux et une héroïne que j’ai trouvés horripilants, une lenteur qui
m’a achevé, des choses et comportements qui m’ont semblé absurdes, et une
révélation qui m’a définitivement perdu. La suite, ce sera sans moi.
Ma
note : 7/20