Auteur : Cat Clarke
Titre VO : Undone
Editeur : Robert Laffont
Collection : R
Résumé (4e cover)
La vie est injuste.
Jem Halliday est
amoureuse de Kay, son meilleur ami, qui est gay.
Pas vraiment l’idéal, mais Jem
s’est faite à l’idée.
La vie est cruelle.
Une vidéo de Kay en
compagnie d’un garçon a été postée sur Internet.
Il ne l’a pas supporté et
s’est suicidé.
Sa vie ne sera que vengeance.
Quoi qu’il lui en coûte,
Jem a décidé de découvrir qui sont les responsables et de les faire payer, un
par un, jusqu’au dernier.
Mon avis
GROSSE CLAQUE !
Vous est-il déjà arrivé de terminer un livre
et de verser des torrents de larmes à la fin ? Dans mon cas, oui,
plus d’une fois. Mais de ressentir les mêmes émotions rien qu’en y repensant,
d’être bouleversé au point de rester prostré presque une heure allongé dans
votre lit à ressasser ce bouillonnement d’émotion ? Dans mon cas, c’est
affreusement rare… En fait, je mens : c’est la première fois qu’un livre
me bouleverse à ce point.
Cat Clarke avait déjà montré son talent avec Confusion et Cruelles (le premier avait été un gros coup de cœur et le second m’a
beaucoup plu), mais Revanche les
dépasse, et de très, très loin. Wandering-World (je te
hais : à cause de toi, j’ai découvert Cat Clarke et
mon petit cœur et mon portefeuille t’en veulent terriblement… nan, je
déconne : tu es génial) nous
avait tous prévenu : on ne ressort pas de Revanche indemne. Revanche
fait partie de ces romans très rares qui laissent une empreinte dans votre vie
de lecteur. Il rejoint dans mon cœur la liste très sélecte de ces romans qui
m’obsèdent aux côtés du Cirque de les
Rêves, des Ames Vagabondes ou de La Couleur des Sentiments.
Sauf que Revanche, il est encore plus que
cela : c’est une bombe, un tsunami, un cataclysme ambulant qui vous
bouscule dans votre ressenti et vous laisse le cœur en miette.
Revanche, c’est avant tout une histoire
d’amitié : celle qui unit Jem et Kai depuis qu’ils ont 7 ans. Cette
relation est sublime et déchirante, on la découvre au fur et à mesure du récit.
L’amour que Jem éprouve pour Kai est proprement magnifique : qui peut
prétendre vouloir venger son meilleur ami et se donner la mort après pour le
rejoindre ? Cette idée de base peut paraître incroyablement dérangeante –
et elle l’est par moments dans le récit – mais c’est une véritable force.
Durant tout le roman, on est dans la tête de
Jem : on ressent ses émotions, sa douleur causée par l’absence de Kai. Son
désir de vengeance peut paraître complètement dingue, surtout qu’elle le fait
uniquement à cause d’une lettre anonyme, mais à nouveau ça marche. Et ce par le fait que Cat Clarke nous fasse ressentir ce
manque, cette absence de Kai, les moments qu’ils ont partagé à deux…
Je ne peux pas aborder ce roman sans parler
de Kai en particulier. Comment est-il possible de s’attacher autant à un
personnage alors qu’il brille par son absence ? Comment est-il possible
qu’il soit si présent dans son absence ? Par les souvenirs que Jem garde
de lui d’une part mais aussi par les lettres qu’il a écrites pour elle avant de
se suicider. 12 pour être exact, 1 par mois, jusqu’à l’anniversaire de sa mort.
Et ces lettres sont les moments où je versais
des larmes à ne plus savoir m’arrêter (où
je devais vraiment me retenir de le faire lorsque je lisais dans le train où à
la fac). On y découvre la facette lumineuse de Kai, son énergie, sa volonté
que Jem vive et profite de la vie. J’attendais ces moments avec impatience et
appréhension, j’avais hâte de retrouver Kai, mais je savais aussi que j’allais
être déchiré.
Ces lettres sont bouleversantes de sincérité
et d’émotions. Et plus on avance dans le récit, plus les lettres prennent un
tour grave et plus Kai se révèle. On ressent ses doutes et ses craintes,
notamment durant ce passage affreusement déchirant où il dit qu’il aurait
préféré être hétéro, que tout aurait plus facile. Je pense à cette lettre en
particulier parce que Cat Clarke a parfaitement exploité tout ce qui passe dans
la tête d’un adolescent gay victime d’homophobie (et je sais parfaitement de quoi je parle, je suis passé par là aussi).
Ce fameux thème de l’homosexualité et par
conséquent de l’homophobie, est au cœur du roman (avec en prime cette idée de
vengeance). Et là, Cat Clarke réussit encore un tour de force : elle le
traite sans clichés, sans chichis inutiles. C’est brut, c’est réel.
Quand on sait qu’elle s’est inspiré d’un fait
divers réel pour créer son histoire, on en peut que se sentir remué de
l’intérieur. Quand on sait que le suicide est trois fois plus important chez
les ados gays que chez les hétéros, ça donne la nausée. Ce qui fait selon la
moi la véritable force du roman, c’est le fait que ses thèmes soient si forts,
si percutants et en particulier celui-ci.
Cat Clarke égratigne les clichés concernant
l’homosexualité et en littérature pour jeunes adultes, cela fait un bien fou.
Peu d’auteurs osent aborder ce thème de manière aussi centrale ou quand ils le
font, cela n’a pas la même intensité.
Toute cette histoire autour de la vidéo de
Kai, des moqueries à son égard, de cette accumulation de choses qui l’ont
poussé à se donner la mort, tout cet ensemble est intense. Ca nous révolte, ça nous bouscule, ça fait pleurer.
Parce que Revanche,
c’est exactement ça : une question d’intensité. On se sent sur un fil
durant la totalité du roman, bousculé par des émotions dans tous les sens. Je
parle souvent de ressenti, du fait de se sentir déchiré et bouleversé. Mais
c’est parce que Revanche est un roman
rempli d’émotions diverses : il est impossible de ne pas ressentir la
moindre chose en lisant, même si on n’apprécie pas sa lecture.
On peut s’émouvoir de cette amitié
bouleversante, s’indigner devant le comportement complètement dingue de Jem ou
d’autres personnages (Louise, Stu et les autres,…).
Il n’y a pas de baisses de régime dans cette
histoire, on tourne les pages frénétiquement, dans le but de découvrir ce que
va faire Jem avec sa vengeance, l’évolution de ses relations avec ce groupe
qu’elle a infiltré car il serait responsable de la mise en ligne de la vidéo, lire
une nouvelle lettre de Kai…
Ce roman est un obsession, il devient
indispensable de savoir ce qu’il s’est vraiment passé avec Kai, ce que va faire
Jem mais surtout parce que les émotions éprouvées sont tellement fortes et
puissantes qu’il est impossible de s’arrêter, ne serait-ce que pour reprendre
son souffle. Ou quand on le fait, on y retourne peu après.
Cette intensité atteint son paroxysme quand
on arrive dans les 100 dernières pages. Tout se démêle, tout s’imbrique, tout
s’accélère. Il y a des rebondissements et des révélations tout à fait
inattendus qui font sursauter notre cœur déjà bien malmené.
Mais là où Cat Clarke porte son coup de grâce
c’est avec la fin. Et quelle fin… Dans Confusion
et Cruelles, les fins étaient
ouvertes (voire très ouvertes). Ici, elle est on en peut plus fermée. Et
cette fin est atroce et dans son déroulement inattendue : j’ai pleuré
longtemps, complètement dévasté.
Revanche, c’est un mélange d’émotions (je me
répète mais c’est véritablement ce que j’en retiens). Que ce soit par les
personnages ou par ses thèmes, on se sent ballotté, déchiré, remué. Revanche a
le même effet sur votre cœur qu’un marteau qui s’abat sur du verre : il le
pulvérise.
C’est un roman à ne surtout pas rater, un
roman rare qui obsède et ne laisse pas indifférent. Une claque magistrale pour
ma part que je n’oublierai pas de sitôt.